
LES PETITES PERSONNES
S'inspirant de la Convention internationale relative aux droits de l'enfant, l’auteure propose un éclairage « pleins feux » sur les réalités de l’enfance à travers le monde, les existences troublées des enfants du XXIème siècle. But : mettre en mots et en lumière les silences de « petites personnes » victimes du non-respect des droits humains les plus élémentaires. Le ton est sans détour. Sans concession. Sans jugement. Sans artifices ou fioritures. Sans mièvrerie, sans apitoiement. La parole, ici, est donnée aux enfants. Pour une fois ce sont eux qui racontent les histoires, « leur histoire », aux grands !
Pièce pour plusieurs comédiens & comédiennes, ados et choeur d'enfants.
Création à la Maison des Métallos, Paris, juin 2018. Mise en scène Benoit Di Marco et Nathalie Bitan.
«Les Enfants ont des droits», création jeune public d'après les Petites personnes par le Théâtre de la Palabre, mise en scène Elisabeth Gavalda, Alès, octobre 2021. Voir le clip de présentation du spectacle : vimeo.com/561054780
Maison des Métallos, Paris, juin 2018
«Les enfants ont des droits» par le Théâtre de la Palabre, Alès, octobre 2021
« En vingt-quatre brèves histoires dramatiques, Emanuelle Delle Piane donne la parole à des enfants d'aujourd'hui. Les abus sur leurs « petites personnes » mettent en mots les silences outragés de leurs droits humains les plus élémentaires. Le XXIème siècle se déshumanise en troublant l'existence de nos enfants. L'auteur en observateur impartial appuie où ça fait mal, de manière directe. L'écriture est amorale. Touche au plus juste. Bannie la langue de bois. L'objet des prédations est dénoncé explicitement : « On n'est pas vos instruments Messieurs-dames de plaisir ou de torture. Pas non plus vos objets ou projets utilitaires ou de parade (…) mais bientôt qu'on se le dise, d'ici dix ou vingt ans, on aura grandi tout comme vous, pour devenir, peut-être… pires que vous ». Cette pièce sans concessions devrait être étudiée, jouée, et lue dans les écoles. Tout comme, jadis en Angleterre, était étudié, joué, et lu à de jeunes écoliers, « La ferme des animaux » de George Orwell (1903-1950). Un livre utile et humain. Tous nos remerciements à Emanuelle Delle Piane, pour ce manifeste à l'adresse des enfants et aux adultes que nous sommes devenus. »
Dashiell Donello / Blog Mediapart
L'écriture des Petites personnes a été soutenue par une bourse de la fondation UBS pour la culture.
Texte disponible chez Lansman Editeur :
www.lansman.org/editions/publication_detail.php?session=&rec_numero=1189
Chocolat
Aux noisettes, au lait, praliné, fourré, noir amer…
On habitait au Mali, au Burkina, au Togo
Chez nous, vous aurez un vélo et vous irez à l’école, ils ont dit.
A la place du vélo, on a reçu une machette
Et l’école a duré une matinée
Le temps d’apprendre à aller chercher les fèves en haut des arbres,
Le temps d’apprendre à les fendre,
Le temps d’apprendre à remplir et à porter les sacs de cabosses
Aux noisettes, au lait, praliné, fourré, noir amer…
On a entre six et seize ans
On est plus d’un million
Enfermé dans des camps
À grimper, fendre, porter
À porter des sacs lourds
Plus lourds que nous
Pour le patron
Aux noisettes, au lait, praliné, fourré, noir amer…
On n’est pas payés,
Juste forcés de travailler
12, 14 heures par jour
Sans se blesser, sans se couper
Parce que si on se blesse, si on se coupe
On n’est pas soignés et on oublie de nous donner à manger
Aux noisettes, au lait, praliné, fourré, noir amer…
Le patron dit que les gens d’ailleurs aiment notre cacao
De plus en plus
Il faut le cultiver
Encore et encore
Travailler, travailler
Sous sa surveillance et ses coups
Sans pouvoir s’échapper
Aux noisettes, au lait, praliné, fourré, noir amer…
On n’en a jamais goûté
Pas même un carré
Paraîtrait pourtant que c’est délicieux
N’est-ce pas, le chocolat ?…