LES PETITES PERSONNES

S'inspirant de la Convention internationale relative aux droits de l'enfant, l’auteure propose un éclairage « pleins feux » sur les réalités de l’enfance à travers le monde, les existences troublées des enfants du XXIème siècle. But : mettre en mots et en lumière les silences de « petites personnes » victimes du non-respect des droits humains les plus élémentaires. Le ton est sans détour. Sans concession. Sans jugement. Sans artifices ou fioritures. Sans mièvrerie, sans apitoiement. La parole, ici, est donnée aux enfants. Pour une fois ce sont eux qui racontent les histoires, « leur histoire », aux grands !

Pièce pour plusieurs comédiens & comédiennes, ados et choeur d'enfants.

Création à la Maison des Métallos, Paris, juin 2018. Mise en scène Benoit Di Marco et Nathalie Bitan.

«Les Enfants ont des droits», création jeune public d'après les Petites personnes par le Théâtre de la Palabre, mise en scène Elisabeth Gavalda, Alès, octobre 2021. Voir le clip de présentation du spectacle : vimeo.com/561054780

Maison des Métallos, Paris, juin 2018

«Les enfants ont des droits» par le Théâtre de la Palabre, Alès, octobre 2021

Chocolat

Aux noisettes, au lait, praliné, fourré, noir amer…

On habitait au Mali, au Burkina, au Togo

Chez nous, vous aurez un vélo et vous irez à l’école, ils ont dit.

A la place du vélo, on a reçu une machette

Et l’école a duré une matinée

Le temps d’apprendre à aller chercher les fèves en haut des arbres,

Le temps d’apprendre à les fendre,

Le temps d’apprendre à remplir et à porter les sacs de cabosses

 

Aux noisettes, au lait, praliné, fourré, noir amer…

On a entre six et seize ans

On est plus d’un million

Enfermé dans des camps

À grimper, fendre, porter

À porter des sacs lourds

Plus lourds que nous

Pour le patron

 

Aux noisettes, au lait, praliné, fourré, noir amer…

On n’est pas payés,

Juste forcés de travailler

12, 14 heures par jour

Sans se blesser, sans se couper

Parce que si on se blesse, si on se coupe

On n’est pas soignés et on oublie de nous donner à manger

 

Aux noisettes, au lait, praliné, fourré, noir amer…

Le patron dit que les gens d’ailleurs aiment notre cacao

De plus en plus

Il faut le cultiver

Encore et encore

Travailler, travailler

Sous sa surveillance et ses coups

Sans pouvoir s’échapper

 

Aux noisettes, au lait, praliné, fourré, noir amer…

On n’en a jamais goûté

Pas même un carré

Paraîtrait pourtant que c’est délicieux

N’est-ce pas, le chocolat ?…